Production de biogaz : transformer les déchets en énergies

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Le biogaz est un gaz vert, une alternative écologique au gaz naturel. Il est produit à partir de la fermentation de matières organiques, comme des déchets agricoles ou encore l+des déchets ménagers, etc. La production de biogaz contribue donc à la gestion des déchets, réduit la pollution et favorise une économie circulaire. Sans oublier qu'il peut être utilisé pour produire de l'électricité et de la chaleur. Procédé de fabrication du biogaz et objectifs de la filière en France.

Comment est fabriqué le biogaz ?

Le biogaz est un gaz renouvelable produit par la fermentation de matières organiques en l'absence d'oxygène, un processus connu sous le nom de méthanisation. Il est principalement composé de méthane et de dioxyde de carbone, avec des traces d'autres gaz comme l'azote, l'ammoniac et le sulfure d'hydrogène.

Le processus de méthanisation

La méthanisation est fondée sur la dégradation (naturelle ou forcée) de la matière organique par des micro-organismes en condition anaérobie, c'est-à-dire en l’absence d’oxygène. Les secteurs agricoles, industriels, le traitement des déchets ménagers et la gestion des boues d’assainissement sont des milieux favorables au développement de ces techniques. En absence d’oxygène, la dégradation de la matière organique permet d’obtenir :

  • Un digestat : un produit humide et riche en matière organique ;
  • Du biogaz : un mélange gazeux composé d’environ 50 % à 70 % de méthane (CH4), de 20 % à 50 % de gaz carbonique (CO2) et de quelques gaz traces (NH₃, N₂, H₂S). Ce biogaz obtenu est considéré comme une source d'énergie renouvelable, car il peut être utilisé de diverses manières : sous la forme d’un combustible pour produire in fine de l’électricité et/ou de la chaleur ou être directement injecté dans le réseau de gaz naturel ou sous la forme d’un carburant : le biométhane. Le Biogaz permet un double bénéfice en valorisant les déchets organiques et en produisant également de l'énergie.

Concrètement, voici les étapes principales du processus de méthanisation :

  1. Prétraitement : Les matières organiques telles que les déchets alimentaires, les boues d'épuration, les déchets agricoles sont collectées et prétraitées pour en faciliter la dégradation.
  2. Fermentation : Les matières organiques sont placées dans un environnement hermétique et sans oxygène (digesteur). Les micro-organismes présents décomposent la matière organique en acides gras et en composés organiques volatils.
  3. Méthanogenèse : Les acides gras et les composés organiques volatils sont ensuite dégradés par des bactéries méthanogènes qui produisent principalement du méthane (CH4) et du dioxyde de carbone (CO2).
  4. Récupération du biogaz : Le biogaz produit est récupéré et peut être utilisé comme combustible pour produire de l'électricité, de la chaleur ou comme carburant.
  5. Digestat : Après la méthanisation, les résidus solides restants (digestat) sont riches en nutriments et peuvent être utilisés comme fertilisant agricole.
 

Quels déchets peuvent être utilisés ?

Avec un potentiel méthanogène variable, toutes les matières organiques, excepté la lignine, sont susceptibles d’être décomposées et de produire du biogaz. Les substrats riches en eau composés de matière organique facilement dégradables conviennent aux procédés de méthanisation.

Leurs origines sont variables :

  • Déchets agricoles : déjections animales, résidus de récolte (pailles, spathes de maïs, etc), eaux de salle de traite, etc ;
  • Déchets agro-industrielle : abattoirs, caves vinicoles, laiteries, fromageries, ou autres industries agro-alimentaires, chimiques et pharmaceutiques, etc ;
  • Déchets municipaux : tontes de gazon, fraction fermentescible des ordures ménagères, triée à la source (biodéchets) ou non (TMB), boues et graisses de station d’épuration, matières de vidange, etc. Afin de bénéficier d’une production constante dans le temps, le processus de méthanisation est particulièrement adapté à des déchets issus d’un tri ou d’une collecte sélective comme les déchets issus de l’agriculture ou de l’industrie.

Quelles sont les technologies relatives à la filière biogaz ?

La méthanisation peut être un processus naturel, qui a lieu dans des milieux tels que les marais. Mais, pour la production de biométhane, elle est réalisée volontairement dans des unités dédiées que l'on appelle les méthaniseurs.

En France, on distingue différentes sous-filières de biogaz, ou plus précisément différents types de méthaniseurs dont les principaux sont :

  • La méthanisation de déchets non dangereux ou de matières végétales brutes : ce processus utilise des déchets agricoles et industriels, et plus particulièrement agroalimentaires et ménagers ;
  • La méthanisation de boues de stations d’épuration des eaux usées (STEP) : ce processus utilise des déchets organiques, qui proviennent des boues et graisses des stations d'épuration. Généralement, ces déchets ont un potentiel méthanogène supérieur que les déchets animaux et végétaux. Cette méthode permet alors d'obtenir un biogaz riche en méthane ;
  • Le biogaz des installations de stockage de déchets non dangereux (ISDND) : dans ces installations, le biogaz est produit naturellement par la dégradation anaérobie de la matière organique contenue dans les déchets. Le biogaz peut ensuite être capté et utilisé comme source d'énergie. Il peut aussi être extrait en méthane et injecté dans les réseaux de gaz naturel.

Les déchets agricoles constituent de loin la plus grosse part des unités de biogaz en France.

Observatoire du biométhane Sia partners 2023 / ADEME

Quels sont les avantages de la méthanisation ?

Selon l'ADEME, la méthanisation présente de nombreux avantages :

  • Une double valorisation de la matière organique et de l’énergie ; 
  • Une diminution de la quantité de déchets organiques à traiter et par définition, un allègement des coûts d'autres filières de traitement des déchets ;
  • Une diminution des émissions de gaz à effet de serre par substitution de l’utilisation des énergies fossiles ;
  • Un traitement possible des déchets organiques graisseux ou très humides, non compostables en l'état ;
  • Une limitation des émissions d’odeurs du fait de digesteur hermétique et de bâtiment clos équipé de traitement d’air.

Quels sont les inconvénients de la méthanisation ?

Le choix de la méthanisation nécessite l'attention des points suivants :

  • Les déchets entrants doivent être disponibles sur la durée afin de créer une filière rentable et pérenne ;
  • La valorisation énergétique possible du biogaz doit être utilisée préférentiellement sur site, en local, en cas de cogénération. En effet, l'injection dans le réseau de gaz naturel peut être compliquée ou impossible ;
  • L’incinération et/ou le stockage des déchets non dangereux pour les fractions de déchets non organiques ne pouvant pas être méthanisées doit être pris en compte ;
  • Le compostage pour traiter les déchets ligneux mal adaptés à la méthanisation doit être envisagé, ainsi que la mise en place d’un traitement des excédents hydriques du process pour les grosses installations ;
  • L'utilisation du digestat peut conduire à une réelle substitution énergétique et à une valorisation agronomique.

Comment est utilisé le biogaz ?

La production d'électricité à partir de biogaz

L'une des utilisations les plus importantes du biogaz est la production d'électricité. Le biogaz peut être utilisé comme carburant dans des moteurs à combustion interne ou des turbines à gaz. Ces moteurs ou turbines transforment l'énergie chimique du biogaz en énergie mécanique, qui est ensuite convertie en électricité via des générateurs.

Selon les statistiques du ministère de la transition écologique, on comptait 1 046 installations produisant de l’électricité à partir de biogaz raccordées au réseau au deuxième trimestre 2023. Cela correspond à une production totale de 585 MWh. Le biogaz représente encore une très petite part des sources de production d'électricité en France, mais c'est tout de même une part en hausse. En comparaison, au quatrième trimestre 2022, la capacité totale installée était de 576 MWh (994 installations de production d'électricité avec du biogaz).

Nombre d'installations de production d'électricité à partir du biogaz depuis 2017
DatePériodeNombre d'installationsCapacités installées
20171er trimestre506399 MW
2e trimestre519405 MW
3e trimestre531412 MW
4e trimestre548423 MW
20181er trimestre567430 MW
2e trimestre588442 MW
3e trimestre609447 MW
4e trimestre635456 MW
20191er trimestre663460 MW
2e trimestre708476 MW
3e trimestre738480 MW
4e trimestre776493 MW
20201er trimestre803502 MW
2e trimestre828508 MW
3e trimestre851517 MW
4e trimestre861523 MW
20211er trimestre884534 MW
2e trimestre903539 MW
3e trimestre930569 MW
4e trimestre945572 MW
20221er trimestre961558 MW
2e trimestre966565 MW
3e trimestre982576 MW
4e trimestre994576 MW
20231er trimestre1 023 578 MW
2e trimestre1 046585 MW

Source : Ministère de la transition écologique.

Sans surprise, le nucléaire est la première source de production d'électricité en France.

Source : Bilan électrique RTE 2023 - Graphique : Selectra

La consommation de biogaz et l'injection dans les réseaux

Le biogaz peut aussi être consommé, c'est-à-dire qu'il peut être injecté dans les réseaux de distribution de gaz pour alimenter les consommateurs. C'est une alternative écologique au gaz naturel. Il est moins populaire que l'électricité verte, mais une poignée de fournisseurs commercialisent des offres de biogaz.

Selon GRDF, en 2024, plus de 600 sites injectent en France, et environ 80% des producteurs de biométhane sont agriculteurs. Cela représente 12,5 TWh/an en capacité installée, et 3.1 millions de logements alimentés au gaz vert (sur la base d'une consommation de 4 MWh / an pour un logement neuf).

Sources : GRDF + Ministère de la Transition Ecologique

La France a d'ailleurs pour objectif d'atteindre les 20% de gaz renouvelable et bas carbone dans la consommation nationale d'ici à 2030. L'objectif était initialement de 10%, mais le syndicat des gaziers a affirmé pouvoir atteindre les 10% bien avant 2030, d'où l'ambition de doubler l'objectif. Rien que de 2021 à 2022, la quantité de biogaz injecté dans le réseau français était passée de 4,3 TWh à 10 TWh (soit plus que le double). 

La production de chaleur à partir du biogaz

Le biogaz peut être utilisé directement comme combustible pour générer de la chaleur. Le processus commence par la collecte du biogaz dans des installations de méthanisation, telles que les stations d'épuration des eaux usées (STEP) ou les installations de stockage de déchets non dangereux (ISDND). Une fois collecté, le biogaz est purifié pour éliminer les impuretés et améliorer son efficacité de combustion.

Le biogaz purifié est ensuite brûlé dans des chaudières ou des fours, produisant de la chaleur qui peut être utilisée pour diverses applications, comme le chauffage résidentiel, industriel ou agricole. En outre, les installations de méthanisation peuvent utiliser la chaleur produite pour maintenir les digesteurs à la température optimale, améliorant ainsi l'efficacité du processus de méthanisation. 

Il existe aussi ce qu'on appelle la cogénération, qui consiste en la production combinée d'électricité et de chaleur. C'est le mode de valorisation le plus fréquent du biométhane. Avec la cogénération, un moteur thermique utilise le biogaz pour générer de l'électricité. En parallèle à la production d'électricité, la chaleur générée par le fonctionnement du moteur est récupérée.

Combien coûte la production du biométhane ?

Selon l'Ademe, le coût de production du biométhane se situe entre 90 et 100 €/MWh PCS. Toutefois, la PPE (Programmation pluriannuelle de l'énergie) vise une baisse des coûts à 60€ / MWh en 2028. En comparaison, le gaz naturel s'achète actuellement à environ 35€/MWh pour l'année de livraison 2024.

prix gaz et biogaz

Le coût de production du biogaz comprend : 

  1. Les charges d'investissement CAPEX (dépenses en capital) : ces charges incluent les coûts des digesteurs, des réservoirs de stockage, des systèmes de chauffage pour maintenir les digesteurs à la température optimale, des systèmes de traitement, des systèmes de collecte et de transport de matières premières, etc. Toujours selon l'ADEME, les coûts d'investissement représentent environ 40% du coût complet de production de biogaz ;
  2. Les charges d'exploitation OPEX : elles incluent les frais de main d'œuvre (salaires), la maintenance, le coût de l'énergie nécessaire pour faire fonctionner les équipements, le traitement des digestats, les taxes et redevances, etc. À savoir que le coût de l'énergie est une part importante des charges d'exploitation. Selon l'Ademe, l'électricité représente 15% des charges d'exploitation en moyenne. La part est même plus importante pour les unités les plus petites (19% environ).

Source : Rapport du Syndicat des énergies renouvelables, 2020 - Graphique : Selectra

Vous l'aurez compris, c'est dû à ces coûts de production élevés que le biométhane est encore peu accessible aujourd'hui (et peu développé). Pour aider les producteurs, le gouvernement a revalorisé en 2023 le prix du biométhane de 12% environ par rapport au dernier rapport en vigueur. Avant cette revalorisation, le prix d'achat du biométhane par les fournisseurs de gaz se situait dans une fourchette entre 90 et 100 €/MWh selon la taille des sites (ce qui est déjà presque 3 fois plus cher que le gaz naturel). L'augmentation de 12% garantit un seuil d'au moins 100€ du MWh.

Pour les producteurs, c'est une bonne nouvelle, car ils y voient une compensation de la hausse des coûts de production qu'ils ont subie en 2022 avec la crise énergétique. Pour toute la filière, c'est aussi une promesse de développement. Cela encourage le lancement de projets de méthanisation et donc, à termes, à augmenter les volumes de biogaz.

Peut-on fabriquer soi-même son biogaz ?

Il est tout à fait possible de produire soi-même son biogaz, à petite échelle. C'est ce qu'on appelle le biogaz domestique. Malheureusement, même si c'est possible, ce n'est pas aussi évident que de produire sa propre électricité avec des panneaux solaires ou une installation d'éoliennes domestiques.

La première étape est la plus simple : récupérer la matière organique, donc les déchets (les ordures ménagères, du bois et ses dérivés, les déchets alimentaires, etc.). C'est après que ça se complique, car vous avez besoin d'un biodigesteur. Concrètement, il s'agit de fabriquer un contenant qui peut enfermer la matière organique, sans oxygène. Le méthaniseur le plus fréquemment utilisé pour le biogaz domestique est une cuve étanche à installer simplement dans le jardin.

Ensuite, il faut passer par des étapes de raccordement, de test d'étanchéité et de stockage (en moyenne 30 jours pour que la matière organique se transforme en gaz). L'avantage est que si vous réussissez à installer un méthaniseur chez vous, vous pourrez vous en servir pour produire de l'électricité et alimenter certains de vos équipements électriques, ou produire de la chaleur.

Selon la société SCTD Industries, un méthaniseur domestique peut produire jusqu'à 800m3 de biogaz par an pour une famille de 4 personnes. Cela représente 4 800 kWh d'électricité, ce qui est une quantité importante, mais insuffisante pour assurer la consommation annuelle totale d'électricité de tout le logement. Sans compter les investissements importants que l'installation et la maintenance du méthaniseur impliqueraient...

Les objectifs de l'État concernant le biométhane en France

L'état des lieux du biométhane en 2024

Considérant qu'on ne comptait qu'1 unique site d'injection de biogaz en 2011 et plus de 600 en 2024, on peut dire que le biométhane est une filière en plein essor. C'est même le futur, si l'on veut à terme être indépendant des importations de gaz et toutes leurs contraintes. Plus de 600 sites d'installation représentent une capacité raccordée estimée à 12,1 TWh.

Des objectifs ambitieux ont été fixés en France et en Europe en ce qui concerne le biogaz. Nous parlons plus haut d'un objectif d'atteindre 20% de gaz renouvelable dans la consommation annuelle nationale d'ici à 2030. L'ADEME a étudié d'autres scénarios (scénario énergie-climat ADEME 2035-2050) et envisage 16% de part de gaz renouvelables dans la consommation finale en 2030, et entre 35 et 50% en 2050.

Graphique: Selectra - Source: Ministère de la Transition Écologique (SDES)

Les nouvelles réglementations sur le biométhane

Il existe un bon nombre d'évolutions réglementaires sur la filière biogaz. Ces évolutions récentes constituent un sérieux soutien au développement du biométhane en France.

Le droit à l'injection

Le droit à l'injection est une disposition réglementaire qui permet aux producteurs de biogaz d'injecter leur gaz dans le réseau de distribution de gaz naturel. Pour permettre à des sites d'injecter du biogaz sur le réseau, il fallait prévoir une adaptation des infrastructures. C'est précisément le droit à l'injection qui a été mis en place pour répondre à ces problématiques.

Le droit à l'injection a été introduit en octobre 2018, dans le cadre de la loi EGalim (loi pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et une alimentation saine et durable). Cette loi clarifie l'autorisation de raccordement des installations de biométhane au réseau, même quand elles ne sont pas sur une commune desservie. La loi EGalim a introduit les évolutions ci-dessous : 

  • Raccordement d'un producteur de biométhane sur le réseau même s'il est en dehors d'une zone desservie ;
  • Raccordement d'un producteur de biométhane sur le réseau de transport.

Un décret "droit à l'injection" est ensuite publié en juin 2019, définissant des modalités permettant à des tiers d'aider le développement du biométhane, et des principes de répartition du coût des ouvrages. Cette mesure vise à encourager la production de biogaz, en facilitant son intégration dans le système énergétique national. Elle permet également de mutualiser les coûts de raccordement et de renforcement des réseaux entre les producteurs, favorisant ainsi le développement de projets de méthanisation et la transition vers une économie plus verte.

Concernant les coûts, il y a ce qu'on appelle le timbre d'injection, qui vise à faire supporter aux producteurs de biométhane, tout comme aux consommateurs de gaz, une partie des coûts d’exploitation associés à l’utilisation des réseaux. Nous, en tant que consommateurs, finançons les ouvrages de transport et de distribution du biométhane via l'ATRD et l'ATRT.

Les garanties d'origine biogaz

Vous avez certainement déjà entendu parler des garanties d'origine pour l'électricité. Il y a exactement le même mécanisme pour le biogaz. Les garanties d'origine biogaz sont des certificats électroniques émis au moment de la production et l'injection de chaque MWh de biogaz dans le réseau. C'est aujourd'hui le seul moyen pour les consommateurs de savoir qu'une partie du gaz qu'ils consomment a bien été produit par des sources de production de gaz renouvelable.

  • 1 Garantie d'origine = 1 MWh de biométhane injecté

Il y a aujourd'hui deux modalités de commercialisation du biométhane via le mécanisme des garanties d'origine : 

  1. Pour les producteurs ayant signé un contrat d'achat avec un fournisseur de gaz avant le 9 novembre 2020, les garanties d'origine sont cédées à ce même fournisseur pour toute la durée du contrat. La durée étant de 15 ans ;
  2. Pour les producteurs ayant signé un contrat d'achat avec un fournisseur de gaz après le 9 novembre 2020, les garanties d'origine sont récupérées directement par l'État, qui les mettra ensuite aux enchères. Nous en saurons plus sur les modalités d'enchères, sachant que les premières enchères auront lieu en septembre 2024.

La double valorisation

L'arrêté du 27 février 2013 fixe les conditions d'achat de l'électricité produite par les installations de biogaz. C'est ce qu'on appelle la double valorisation. Elle permet aux producteurs de valoriser le biogaz produit sous forme d'électricité via la cogénération, ou sous forme de biométhane à injecter dans les réseaux de gaz.

Avant ce décret, les producteurs devaient choisir entre l'un ou l'autre. Le ministre de l'Économie avait à l'époque expliqué que "Cette exclusivité avait pour conséquence d'empêcher la réalisation de certains projets de méthanisation ou bien d'en limiter la taille".

Grâce à ce dispositif, les producteurs peuvent injecter une quantité de biométhane moins importante pour ne pas saturer le réseau (en été particulièrement) et basculer sur la valorisation énergétique la plus performante.

Les certificats de production de biogaz (CPB)

Les certificats de production de biogaz (CPB) sont un nouveau financement des projets de biométhane, introduit par la loi Climat et Résilience publiée en 2021. Attention, ces certificats ne sont pas à confondre avec les garanties d'origine, et d'ailleurs, une production de biométhane qui se voit attribuer un CPB ne peut pas se voir attribuer une garantie d'origine.

Avec ces nouvelles dispositions, les fournisseurs de gaz doivent désormais restituer des Certificats de production de biogaz à l'État chaque année. Ces certificats doivent être proportionnels aux volumes de gaz qu'ils commercialisent. Ils peuvent s'obtenir, soit via un achat auprès de producteurs de biométhane, soit en produisant eux-mêmes leur biogaz. À défaut, les fournisseurs seront redevables d'une pénalité envers l'État.

Le niveau d'obligation de restitution est :

  • 1,2 TWh  de biométhane en 2026 ;
  • 5 TWh de biométhane en 2027 ;
  • 10,4 TWh de biométhane en 2028.

Le biogaz est-il réellement écologique ?

Le biogaz est souvent considéré comme une alternative écologique aux combustibles fossiles, mais son impact environnemental dépend de plusieurs facteurs. 

D'abord, le biogaz est produit à partir de matières premières renouvelables, ce qui en fait une source d'énergie durable. Les digestats peuvent être utilisés comme engrais organiques, enrichissant les sols sans recours aux engrais chimiques. L'utilisation de biogaz pour produire de l'énergie remplace également les combustibles fossiles, ce qui réduit les émissions de CO2.

Sans oublier que le développement de la filière biométhane peut réduire la dépendance de la France aux importations de gaz naturel provenant d'autres pays. La majorité du gaz que nous consommons est importé, avec les États-Unis comme premier pays exportateur.

Source : Ministère de la Transition Écologique - Graphique : Selectra

Cependant, certains aspects peuvent limiter son impact écologique. L'utilisation de cultures dédiées à la production de biogaz peut entraîner des problèmes environnementaux tels que la déforestation, la perte de biodiversité et l'utilisation intensive de l'eau et des engrais. Par ailleurs, pendant la production et l'utilisation du biogaz, des fuites de méthane peuvent se produire, réduisant l'avantage environnemental du biogaz. 

Les offres de biogaz en France

Comme vu précédemment, les offres de biogaz sont encore plus rares que les offres d'électricité verte. Mais il y en a ! On distingue sur le marché des offres 15% ou 100% biogaz, le plus souvent certifiées par des garanties d'origine. Pour certains, le biogaz est en option. ilek et Dyneff sont deux grands fournisseurs proposant 100% de biogaz.

Vous remarquerez que les prix du biogaz sont généralement plus chers, mais comme on l'a vu plus haut, le gaz vert a des coûts de production plus élevés, ce qui explique l'écart. Ci-dessous quelques offres de biogaz en France en septembre 2024 :

Top 6 des offres de gaz vert (biogaz)

Le signe    indique que le fournisseur est partenaire de Selectra.

Offre Caractéristiques Tarif Score Contact
Gaz Naturel 15% Biogaz Variable
GAZ NATUREL 15% BIOGAZ VARIABLE
2.6 sur 5 - 718 avis
  • Gaz vert partiel (GO)
  • Prix non garantis
Mensualité estimée
134 €
Economies estimées
5.6 €
Selectra Score C
Biogaz Classic
BIOGAZ CLASSIC
3.7 sur 5 - 2093 avis
  • Offre indexée sur le prix repère gaz
  • Gaz vert partiel (GO)
  • Prix indexés
Mensualité estimée
139 €
Economies estimées
0.8 €
Selectra Score C
Verte Fixe gaz
VERTE FIXE GAZ
3.3 sur 5 - 3605 avis
  • Offre à prix fixe
  • Gaz vert partiel (GO)
  • Prix fixes 1 an
Mensualité estimée
146 €
un surcoût de
7.1 €
Selectra Score C
Mon producteur français de gaz vert
MON PRODUCTEUR FRANÇAIS DE GAZ VERT
3.6 sur 5 - 338 avis
  • Offre indexée sur le prix repère gaz
  • Gaz vert Premium
  • Prix indexés
Mensualité estimée
154 €
un surcoût de
14.7 €
Selectra Score C
Biogaz Zen 1 an
BIOGAZ ZEN 1 AN
2.7 sur 5 - 44 avis
  • Offre à prix fixe
  • Gaz vert Premium
  • Prix fixes 1 an
Mensualité estimée
161 €
un surcoût de
21.8 €
Selectra Score C
Classique Gaz
CLASSIQUE GAZ
3.9 sur 5 - 3200 avis
  • Gaz vert partiel (GO)
Mensualité estimée
166 €
un surcoût de
26.3 €
Selectra Score E

Comparatif basé sur une consommation domestique de 13450 kWh de gaz par an à Toulouse. En savoir plus sur le Selectra Score. Seule l'offre la moins chère de chaque fournisseur est listée.

Les nouvelles filières de biométhane

Le biométhane s'obtient aujourd'hui en grande partie grâce au processus de méthanisation de déchets organiques. Toutefois, de nouveaux procédés de production sont en cours de développement, ce qui pourrait significativement contribuer à développer le gaz vert et à atteindre les objectifs à l'horizon 2030.

La gazéification de la biomasse sèche et des CSR

La gazéification de la biomasse est un procédé thermochimique appelé pyrogazéification. Il permet d'obtenir un gaz de synthèse à partir de biomasse ou de déchets préparés (CSR). Le gaz produit peut être utilisé pour la production d'électricité, la production de chaleur et la production de méthane de synthèse qui peut être injecté dans le réseau.

Cette technique, très différente de la méthanisation, a plusieurs avantages. Elle peut aider au développement de l'économie circulaire, proposer une alternative écologique à la production d'électricité et de chaleur, ainsi que contribuer à l'atteinte de l'objectif des 20% de gaz renouvelables dans le réseau d'ici 2030.

Cette technique nécessite encore des validations technologiques, mais deux projets sont en cours de développement, dont :

  1. le projet GAYA d'Engie ;
  2. le projet de la société ETIE en Picardie (en collaboration avec GRDF).

Le Power-to-Gas

Le Power-to-Gas est une technologie innovante qui permet de convertir l'électricité excédentaire, souvent produite à partir de sources renouvelables comme l'éolien ou le solaire, en gaz combustible tel que l'hydrogène ou le méthane synthétique. En d'autres mots, il consiste à transformer les excédents d'électricité renouvelable en gaz, pour réduire les besoins d'infrastructures de stockage.

Plusieurs projets Power-to-Gas sont en cours, même si leur fiabilité technique et leur modèle économique sont encore à prouver : 

  1. le projet Jupiter 1000 des transportateurs Téréga et GRTgaz ;
  2. les projets STORENGY ;
  3. le projet GRHYD.