Quelle est l'origine du gaz que nous consommons en France ?

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La quasi-totalité du gaz naturel en France est importée. En 2023, la France est d'ailleurs le premier pays importateur de GNL dans l'Union européenne (y compris du gaz russe). La Norvège est actuellement le principal fournisseur de la France (36 % du total des entrées brutes) selon les derniers chiffres du ministère de la Transition Ecologique. 

D'où vient le gaz que nous consommons en France ?

Le gaz naturel est une source d'énergie primaire, directement disponible dans la nature. Il provient plus précisément de l'exploitation et du traitement de roches sédimentaires, et se distribue par méthanier ou gazoduc. La France n'est pas un pays producteur de gaz naturel et importe donc la quasi-totalité de son gaz depuis les pays exportateurs. La Norvège est le principal fournisseur de la France avec 36 % du total des entrées brutes, mais elle conserve une certaine diversité dans ses approvisionnements pour prévenir les pénuries.

Le gaz naturel en France provient donc essentiellement de :

  • La Norvège : 36 % ;
  • La Russie : 17 % ;
  • Les Pays- bas : 8 % ;
  • L'Algérie : 8 % ;
  • Le Nigéria : 7 % ;
  • Le Qatar : 2 % ;
  • D'autres pays : 23 %.

De quelle région du monde le gaz naturel vient-il ?

L'Union européenne a importé plus de 120 milliards de mètres cubes de GNL en 2023, et la France a massivement contribué à ces importations étant le premier pays importateur, devant l'Espagne et les Pasy-Bas. Mais, si la plupart des pays européens importent du gaz, de quelle région du monde le gaz naturel provient-il alors ?

La Russie, premier pays exportateur dans le monde...

La grande majorité du gaz en Europe provenait de la Russie (environ 45 %). La Russie est en effet le second plus gros producteur de gaz au monde. Elle possède à elle seule 20 % des réserves mondiales de gaz naturel. Selon les données de Statista en 2022, les 10 plus gros producteurs étant :

  • États-Unis : 1 027 milliards de m3 ;
  • Russie : 699 milliards de m3 ;
  • Iran : 244 milliards de m3 ;
  • Chine : 219 milliards de m3 ;
  • Canada : 205 milliards de m3 ;
  • Qatar : 170 milliards de m3 ;
  • Australie : 162 milliards de m3 ;
  • Norvège : 128 milliards de m3 ;
  • Arabie-Saoudite : 105 milliards de m3 ;
  • Algérie : 102 milliards de m3.

... Mais plus maintenant !

Mais la situation est inversée entre 2022 et 2023, suite aux conflits entre l'Ukraine et la Russie. Depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, de nombreux pays européens ont décidé de diversifier leur approvisionnement énergétique. Concrètement, le refus des pays européens à acheter du gaz russe fait partie des sanctions occidentales contre la Russie. Résultat : la part du gaz russe par gazoduc dans les importations de l'Union européenne a largement chuté, passant de 40 % en 2021 à seulement 8 % en 2023. D'ailleurs, la Russie a été contrainte de réduire ses productions de gaz de 12 % au cours de l'année 2022, par rapport à l'année 2021.

La Norvège est désormais le premier pays exportateur dans l'Union européenne, suivi des États-Unis. Ci-dessous le classement (source: Commission européenne, sur la base de REGRT-G et Refinitiv) :

  • Norvège : 87,8 milliards de m³ de gaz importé (30,3 %) ;
  • États-Unis : 56,2 milliards de m³ (19,4 %) ;
  • Afrique du Nord : 41 milliards de m³ (14,1 %) ;
  • Russie (gazoduc) : 25,1 milliards de m³ (8,7 %)
  • Russie (GNL) : 17,8 milliards de m³ (6,1 %) ;
  • Royaume-Uni : 16,6 milliards de m³ (5,7 %) ;
  • Qatar : 15,5 milliards de m³ (5,3 %) ;
  • Autres : 29,9 milliards de m³ (10,3 %).

Autres fournisseurs de gaz : Qatar, Royaume-Uni, etc. - Source : Comission Européenne - Graphique : Selectra

Comment le gaz naturel arrive-t-il jusque chez nous ?

Si la majorité du gaz naturel en France est importé, comment est-il alors transporté et comment il arrive jusque chez nous ? En fait, ce sont les réseaux de transport de gaz naturel qui sont en charge de l'acheminement en toute sécurité du gaz, des centres de stockage aux centres de distribution.

Le rôle des réseaux de transport de gaz naturel

Les réseaux de transport de gaz naturel ont pour fonction principale d'importer le gaz naturel depuis les frontières du pays ou des terminaux méthaniers pour ensuite l'acheminer jusqu'aux différentes zones de consommation à travers le territoire. Il y a deux réseaux de transport du gaz en France :

  • Téréga : il exploite le Sud-ouest, qui représente 5 100 km de réseau ;
  • GRTgaz : il exploite le reste du territoire, qui représente 32 500 km de réseau.

schema gaz

Schéma des acteurs du marché de gaz en France

Ensuite, il y a environ 200 000 km de canalisations de distribution, exploitées par le distributeur GRDF sur 95 % du territoire, et par 24 ELD (entreprises locales de distribution) sur les 5 % restants. Retrouvez ci-dessous la carte des réseaux de transport de gaz naturel en France pour mieux comprendre comment il est acheminé. Les lignes violettes épaisses représentant le réseau de transport principal, et les petites lignes, le réseau régional :

réseau gaz

Carte des réseaux de tansport du gaz naturel en France

Les modes de transport du gaz naturel

Pour assurer le transport du gaz naturel, les gestionnaires de réseau peuvent utiliser deux méthodes, en fonction de la forme du gaz :

Le transport par gazoduc

Le transport du gaz naturel par gazoduc est le mode d'acheminement le plus courant. Deux tiers des approvisionnements globaux se font via les gazoducs.

Ici, le gaz naturel est principalement transporté sous terre à l'aide de canalisations en acier à une vitesse moyenne de 30 km/h. À mesure que le gaz naturel circule dans les canalisations, il subit des frottements contre les parois, ce qui réduit sa vitesse de circulation et sa pression. Des stations de compression sont alors placées tous les 150 km le long du réseau pour compenser cette perte de pression, garantissant que le gaz continue de se déplacer efficacement à travers le réseau jusqu'à sa destination.

Le transport par méthanier

Le transport par méthanier concerne principalement le GNL, soit le gaz liquéfié. Le GNL offre plus de flexibilité dans les échanges gaziers à l'international. Il est livré sous une forme liquide dans le pays acheteur, puis est vaporisé à son arrivée pour retrouver son état gazeux. Les vendeurs de gaz optent généralement pour cette méthode dans trois cas :

  1. il y a de très longues distances entre le pays exportateur et le pays importateur (par exemple entre les États-Unis et la France) ;
  2. il y a des complications géographiques ;
  3. il a des conflits géopolitiques (comme les conflits entre l'Ukraine et la Russie).

Qui paie pour l'acheminement du gaz naturel ?

L'acheminement et le stockage du gaz naturel sont payés par les consommateurs finaux, via une taxe comprise dans leurs factures de gaz. Il s'agit de l'ATRT ou tarif d'accès des tiers aux réseaux de transport. À ne pas confondre avec l'ATRD, qui elle finance les activités de distribution du gaz naturel (gérées par GRDF).

Le montant de cette taxe est régulé par la CRE, conformément à l’article L. 452-2 du Code de l’énergie, après consultation des gestionnaires de réseaux GRTgaz et Teréga. En 2024, c'est l'ATRT8 qui est en vigueur et qui le sera jusqu'au 1er avril 2028 (le tarif étant révisé tous les 4 ans).  Pour information, l'ATRT a augmenté de 19 % en moyenne le 1er avril 2024, ce qui représente une hausse moyenne de 17 € HT sur la facture annuelle des consommateurs, soit 1,25€ du MWh.

Cette augmentation est due à l’effet cumulé de l’augmentation du revenu autorisé pour les GRT et de la baisse des souscriptions.

Quelle est l'origine du biogaz (biométhane) ?

Le biogaz ou biométhane est un gaz issu de la méthanisation de déchets organiques. Contrairement au gaz naturel, il est donc issu d'une source renouvelable. En France, la stratégie de diversification énergétique inclut le développement de la filière biogaz. Selon GRDF, l'objectif est que le gaz vert représente 20 % de la consommation de gaz en France d'ici à 2030, soit plus que la part du gaz russe importé en 2021. Selon GRTgaz, le but est d'atteindre la pleine autonomie en matière de production et de consommation de gaz en France d'ici à 2050 grâce à nos gisements potentiels de gaz renouvelable.

Le gaz vert est une véritable alternative écologique au gaz naturel, mais en plus, il peut être produit localement à partir de résidus agricoles, ce qui réduit la dépendance par rapport aux pays exportateurs pour l'approvisionnement. Le biogaz en France provient de plusieurs sources, dont principalement d'unités agricoles autonomes. 

Observatoire du biométhane Sia partners 2023 / ADEME

Il faut savoir que la production de biogaz est en plein essor en France. En 2016, on comptait moins de 20 sites de biométhane. Aujourd'hui, c'est plus de 500 sites de production qui injectent du gaz vert sur les réseaux français avec plus de 1000 projets en cours. Selon ODRE, le parc français avait une capacité totale de production raccordée de 9 TWh/an fin 2022.

Graphique: Selectra - Source: Ministère de la Transition Écologique (SDES)

Tous les consommateurs peuvent contribuer au développement du biométhane dans le mix énergétique français, en souscrivant une offre de biogaz. En effet, dans le cadre d'une offre de biogaz, le fournisseur s'engage à injecter sous forme de biométhane l'équivalent de 5 à 100 % de votre consommation estimée de gaz. En 2024, 5 fournisseurs proposent des offres de biogaz pour les particuliers en France :

 

Pourquoi le gaz est-il important pour la France ?

Selon GRTgaz, le gaz est la seconde énergie de réseau la plus utilisée en France. On le connaît surtout pour son usage domestique, notamment pour le chauffage et la cuisson. À savoir que la consommation de gaz domestique représente plus de 237 TWh / an, soit plus de 40 %. Mais au-delà des utilisations à l'échelle résidentielle, le gaz est aussi utilisé comme matière première dans l'industrie chimique par exemple, ou même dans la production d'électricité.

Source : GRT Gaz - Graphique : Selectra

Il ne faut pas oublier que le gaz naturel (même s'il s'agit d'une énergie fossile) reste aussi peu polluant. Selon les estimations, les émissions de CO2 générées par la production de gaz sont deux fois moins élevées que celles des centrales à charbon par exemple. Raison de plus pour considérer le gaz naturel comme une énergie de l'avenir.

Cela vaut pour toute l'Europe. En 2022, selon le Conseil de l'Union européenne, les 27 pays de l'UE ont consommé plus de 350 milliards de mètres cubes de gaz, principalement pour la production d'électricité, le chauffage des habitations et les processus industriels. 30 % des familles en Europe sont aussi chauffées au gaz.